Glossaire
Anachronisme : Attribution à une époque donnée de ce qui appartient à une autre époque. En critique littéraire, un anachronisme peut être un choix délibéré de l'auteur pour créer un effet stylistique, ou un outil d'analyse pour critiquer la représentation du temps dans une œuvre.
Anagnorisis : Moment de reconnaissance ou de révélation dans une œuvre dramatique, souvent dans une tragédie, où un personnage découvre une vérité cruciale sur lui-même ou sur la situation. Ce terme est central dans la théorie aristotélicienne du drame.
Aporie : Situation d'impasse logique ou de contradiction insoluble. En critique littéraire, l'aporie est souvent utilisée pour désigner des moments dans un texte où la signification semble se dérober, révélant les limites du langage ou de la pensée.
Architextualité : Inscription d’un texte dans un genre ou un sous-genre littéraire (la nouvelle d’atmosphère, la comédie de moeurs, le poème lyrique…).
Art pour l’art : Doctrine apparue en France au temps du Romantisme et souvent reprise jusqu’à la fin du XIXe siècle qui affirme l’autonomie de l’art qui, n’ayant pas d’autre fin qu’en lui-même, n’a pas à se soumettre aux valeurs du Vrai et du Bien mais seulement à la Beauté et donc s’oppose à toutes les formules qui mettent l’art au service d’un engagement politique, social ou humanitaire. (1)
Autofiction : Genre littéraire où l'auteur mélange des éléments autobiographiques avec des éléments fictifs, brouillant ainsi la frontière entre réalité et imagination. L'auteur est à la fois le narrateur et le personnage principal, mais le récit inclut des faits inventés ou romancés.
Autotélique : Qualificatif utilisé pour désigner une œuvre littéraire qui a sa fin en elle-même, c'est-à-dire qui se suffit à elle-même et n’a pas pour but d'influencer ou de répondre à des attentes extérieures. Elle est souvent associée à la théorie de "l'art pour l'art".
Avant-texte : Ensemble formé par les documents préparatoires d'une œuvre littéraire : fiche, brouillon, premier jet, mise au net, épreuve corrigée, etc. L 'étude de cet avant est l'objet premier de la critique génétique. (1)
Baroque (Le) : En littérature, mouvement qui se développe en Europe au début du XVIIe siècle, caractérisé par une grande richesse stylistique, une imagination débordante, et une prédilection pour l'excès et la complexité. Les œuvres baroques se distinguent par leur goût pour le contraste, les paradoxes, et les métaphores audacieuses. Elles explorent souvent des thèmes tels que l'instabilité du monde, l'illusion, et le passage du temps. Ce mouvement reflète l'incertitude de l'époque, marquée par des bouleversements religieux, politiques, et sociaux. En France, des auteurs comme Honoré d'Urfé et Théophile de Viau incarnent cet esprit baroque.
Belles-Lettres : Connaissance de la grammaire, de la rhétorique, de la poésie et de l'histoire. Son domaine correspond à celui des humanités qui recouvre donc le champ des textes de l'Antiquité classique, qui recouvre donc le champ des textes de l’Antiquité classique.
Catharsis : Terme emprunté à Aristote, désignant la purification des émotions, en particulier la peur et la pitié, que le spectateur ou le lecteur éprouve à travers l'expérience esthétique, notamment lors de la tragédie.
Classicisme : période de la littérature française contemporaine du règne personnel de Louis XIV 1661-1715, et plus particulièrement les années 1660-160085 où fleurissent les œuvres des auteurs classiques, tels que la tradition scolaire les a fixées : Molière, Racine, Boileau et la Fontaine. Inspiré par les modèles de l'Antiquité gréco-romaine, le classicisme valorise l'ordre, la clarté, la mesure, et la discipline dans l'expression artistique. Il prône une esthétique de la raison et de la rigueur, avec un respect strict des règles, notamment celles des unités de temps, de lieu et d'action dans le théâtre. En littérature, le classicisme se caractérise par l'harmonie des formes, la recherche de la perfection stylistique, et l'exploration des grandes questions morales et sociales. Les écrivains classiques cherchent à exprimer des vérités universelles et à élever l'esprit humain. Parmi les figures emblématiques du classicisme français, on trouve des auteurs comme Molière, Racine, Corneille, et La Fontaine, dont les œuvres sont considérées comme des modèles de l'art de la langue française. Le classicisme a eu une influence durable sur la littérature française, établissant des normes esthétiques et morales qui ont perduré au-delà du XVIIe siècle. (1)
Critique : À l'origine l’ars critica qui consiste à examiner les textes anciens pour en éclaircir le sens et en fixer le texte à partir des différentes versions manuscrites et de l'étude de la langue (grammaire, lexique, etc). À la suite de l'humanisme, le terme a désigné toute activité d'examen des textes littéraires, philosophiques ou religieux : il s'agit alors de lire et de juger les ouvrages, et non plus seulement de les éditer. À ce titre, la critique littéraire, même si elle a existé depuis l'Antiquité (notamment par le biais des traités de poétique ou de rhétorique, qui analyse les œuvres pour en comprendre les règles : Aristote, Cicéron, Quintilien, Hermogène,etc…), trouve ses lettres de noblesse en Europe à partir de la Renaissance italienne, relayée par l'Europe entière à partir de la seconde moitié du XVIe siècle quitte à proprement parler l'âge de la “Renaissance de la critique”. Devenue très polémique à l'occasion des différentes querelles (autour du cicéronianisme, entre les Anciens et les Modernes), à la critique est une activité littéraire de premier plan, qu'il s'agisse d'étudier les textes plus anciens (critique historique) ou d'évaluer les œuvres contemporaines (critique littéraire à proprement parler). Elle est la principale activité de la “République des Lettres”.
Au début du XIXe siècle, en même temps que la littérature, naguère incluse dans les Belles -Lettres, prend le sens moderne que nous lui connaissons, la critique elle-même devient une activité autonome et, dans cet essor, le développement de la conscience historique, l'essor de la presse puis le renouveau de l'université ont compté. Mais il s'agit d'une pratique diverse qu'exercent souvent les créateurs ( Madame de Staël, Hugo, Baudelaire, Zola) et qui donne lieu aussi à l'élaboration de doctrine inspirée de modèles scientifiques (Taine, Brunetière). l'indétermination, cependant, qui permettait à une personnalité comme Sainte-Beuve d'être à la fois écrivain, critique et professeur s'efface largement au tournant des XIXe et XXe siècle. Désormais, il convient de distinguer trois pratiques différentes : la critique journalistique, qui s'attache dans une presque immédiateté, à discriminer et juger pour inviter à lire ou à ne pas lire ; la critique d'écrivain, qui peut aussi bien éclairer son œuvre ou celle des autres, prendre la forme d'une écriture très littéraire ou définir des lois plus théoriques; la critique universitaire enfin, qui s'attache à faire mieux connaître les œuvres, à les mieux lire par des éditions fréquemment renouvelées, allez rendre plus accessibles au lecteur - et à se constituer enfin en un vrai savoir sur la littérature où il faut distinguer, surtout après les années 60, ce qui relève d'une théorie qui dégage des lois de fonctionnement et ce qu'il ressortit à une critique qui étudie les œuvres par une approche singulière. Mais ce qui réunit ces trois critiques, c'est qu'elles contribuent tacitement, par leur choix ou par leur refus, à constituer le corpus mouvant des œuvres qui, pour chaque époque, constitue sa littérature. (1)
Critique génétique : Depuis les années 1970, étude de la genèse des œuvres et tout particulièrement du processus de création tel qu'il apparaît dans les brouillons et autres avant-textes. par son souci d'exhaustivité et d'érudition, la critique génétique et l'héritière de la critique philologique du début du XXe siècle, celle de Gustave Lanson et de Gustave Rudler, ou - dans une moindre mesure - d’Antoine Albalat. Mais elle ne se contente plus de relever des variantes pour enrichir les éditions critiques, elle a aussi une ambition hermétique : non seulement elle permet de valider sur le manuscrit des hypothèses de lecture intuitive, mais elle parvient parfois aussi à renouveler complètement l'interprétation d'un texte, d'un point de vue psychanalytique par exemple. La critique génétique a enfin un évident intérêt linguistique, parce qu'elle permet d'observer finement le travail de réécriture, de paraphrase et de correction. Au sens large, la critique génétique n'est pas seulement interne ( étude des avant-textes), elle est aussi externe ( étude des circonstances présidant à la création d'une œuvre). (1)
Critique psychanalytique : Depuis Freud, la psychanalyse a voulu mettre ses procédures et ses concepts au service de l'interprétation des textes littéraires ( Charles Baudouin, Jacques Lacan, Julia Kristeva, Jean Bellemin-Noël…). La critique psychanalytique propose une hermétique du texte sur des bases assez proches de son interprétation du rêve : il s'agit de remonter du contenu explicite à un contenu latent pour mettre en évidence les pulsions fondamentales qui ont présidé à la création, d'expliquer certains aspects du texte par le travail de fictionnalisation ou de mise en discours (avec déplacement et condensation) du fantasme du sujet. La critique génétique a parfois été influencé par la psychanalyse. (1)
Critique thématique : On regroupe sous cette appellation différentes démarches critiques qui, au moment du renouvellement des études littéraires en France ( 1950-1970), cherchèrent dans les textes littéraires la spécificité d'une relation au réel et le déploiement structuré d'un imaginaire qui sert de grille de lecture du monde. La critique thématique fut fortement inspirée, d'une part, par la psychanalyse et par la phénoménologie ( théorie philosophique déployée par Husserl, Sartre, Merleau-Ponty… qui prend pour objet d’étude la relation de la conscience et du réel), Et, d'autre part, par les travaux des grands précurseurs comme Marcel Raymond (De Baudelaire au surréalisme, 1933), Albert Béguin ( L’Âme romantique et le rêve, 1937), Gaston Bachelard ( La Psychanalyse du feu, 1938). La critique thématique tente de décrire de l'intérieur un univers irréductiblement personnel et de souligner la façon dont il se transforme en univers littéraire cohérent et structuré.
On distingue parfois deux moments dans la critique thématique : d'une part, ce qu'il est convenu d'appeler “L’ École de Genève”, et qui regroupe Gaston Poulet ( Étude sur le temps humain, 1950-1958), Jean Rousset ( Forme et signification, 1962), Jean Starobinski (L'oeil vivant, 1961) et se propose d'opérer une “critique de la conscience” qui prenne aussi en considération les aspects formels historiques des œuvres ; d'autre part, la “critique de l'imaginaire” qui étudie la façon dont une constellation de sensation, d'impression, de sentiments s'organise en réseau et féconde l'oeuvre littéraire ( Jean-Pierre Richard, Littérature et sensation, 1957).
Déconstruction : Méthode de lecture critique développée par Jacques Derrida, qui vise à montrer les contradictions internes et les instabilités d'un texte. La déconstruction remet en question les oppositions binaires traditionnelles (comme vérité/fiction, nature/culture) et souligne la pluralité des significations possibles.
Dialogisme : Selon Mikhaïl Bakhtine, art du dialogue, de la conversation, l'art de savoir mener une discussion. Interaction entre le discours du narrateur principal et ceux émis par les autres personnages. Dans chacun de ces énoncés le texte donne entendre diverses voix ( narrateur, personnage), voire divers groupes sociaux ( niveau de langue, stéréotypie…), les différentes voies étant marquées par des faits de point de vue, de discours indirect libre, de contamination lexicale et autres procédés techniques qui témoignent d'une hybridation énonciative, c'est-à-dire d'un effet de superposition des locuteurs. (1)
Diégèse : Ensemble des données narratives présentées dans un récit ( histoire que propose le récit). (1)
Doxa : Cadre de vraisemblance dans laquelle est construite toute argumentation théorique; c’est tout ce qu’un public peut considérer comme vrai, ou probable, et à partir de quoi on peut supposer les prémisses implicites de tout raisonnement endoxal. En critique littéraire, le terme est souvent utilisé pour désigner les idées reçues ou les présupposés partagés par un groupe ou une époque, que l'analyse critique cherche à interroger ou déconstruire. (1)
Énonciation : Étude de la manière dont un discours est produit et structuré, en prenant en compte les relations entre l'auteur, le narrateur, et le lecteur. L'énonciation examine comment les instances de discours influencent la signification du texte. (On appelle “énonciation” l’acte par lequel un individu produit un discours et “énoncé” le discours produit par cet acte).
Épistémè : Terme emprunté à Michel Foucault, désignant le cadre de connaissances et les présupposés intellectuels propres à une époque, qui structurent la pensée et les discours. En critique littéraire, l'épistémè permet de comprendre comment les œuvres reflètent ou interrogent les savoirs de leur temps.
Esthétique de la réception : On appelle réception d'une œuvre son accueil public et critique, mais aussi la façon dont elle se situe face aux positions idéologique et esthétique du lectorat visé, l'interprétation à laquelle elle donne lieu, la place qu'elle prend dans l'imaginaire littéraire. les travaux critiques de l’École de Constance, dont le représentant le plus important reste H.R. Jauss ont montré que l'on ne pouvait pas considérer l'œuvre indépendamment de sa réception effective et de l'évolution de cette réception dans le temps. Le concept clé de ce type d'analyse est celui d'”horizon d'attente”, défini comme l'ensemble des critères ( littéraire, politique, éthique…) à partir desquels un groupe donné de lecteur comprend et juge une œuvre. (1)
Ethos/Éthos : Caractère ou crédibilité d'un locuteur ou d'un personnage dans une œuvre littéraire. En rhétorique, l'ethos est l'un des trois modes de persuasion, avec le logos (raison) et le pathos (émotion).
Exégèse : Analyse interprétative d'un texte de la pensée d'un auteur et discipline dont cette analyse constitue l'objet.
Existentialisme : Philosophie qui affirme le primat de l'existence vécue, individuelle, irréductible à un concept, une définition, une essence. Le terme désigne surtout en France la pensée de Jean-Paul Sartre qu'il a exposée dans ≪L’Être et le néant≫ en 1943 et dans une conférence ≪L'existentialisme est un humanisme≫. La doctrine se définit par la formule célèbre : « L'existence précède l'essence », ce qui donne à l'homme la totale liberté de se faire lui-même et de se définir par ce qu'il fait. L'absence de toute transcendance empêche sans doute que l'existence humaine puisse être légitimée, mais l'angoisse qui en procède, selon Sartre, n'entrave pas l'action. (1)
Extradiégétique/Intradiégétique : À la suite de Gérard Genette, on qualifie parfois intradiégétique tout narrateur ou toute narrataire qui ont d'abord été des personnages dans un premier récit encadrant. Un récit enchâssé est l'exemple plus net d'une narration intradiégétique. Est inversement extradiégétique tout narrateur qui n'est pas par ailleurs personnage d'un récit encadrant. (1)
Herméneutique : Science de l'interprétation des textes, en particulier des textes sacrés. En critique littéraire, l'herméneutique se concentre sur la compréhension profonde des œuvres littéraires, en prenant en compte le contexte historique, culturel, et linguistique.
Hétéronomie : Situation dans laquelle une œuvre ou un auteur est influencé par des forces extérieures, telles que des normes sociales, des attentes du marché, ou des idéologies. L'hétéronomie s'oppose à l'autonomie, où l'œuvre se veut indépendante de telles influences.
Histoire littéraire : Discipline codifiée par Gustave Lanson au tournant des XIXe et XXe siècle et qui a dominé les études littéraires pendant plus de 50 ans. À l'origine, il s'agit de s'appuyer sur la méthode historique pour réagir à une critique précédemment trop subjective, ou liée à des modèles scientifiques inadéquats, et renouveler l'enseignement des lettres jusqu'alors fondée sur la rhétorique. L'ambition de l'histoire littéraire, qui s'appuie sur les sciences auxiliaires ( bibliographie, lexicographie, critique des textes, étude des manuscrits, etc…), est de définir la singularité des textes et de les réinscrire dans l'histoire ou “les œuvres faites déterminent - partiellement- les œuvres à faire “: principe qui plus tard conduira trop souvent à une simple recherche des sources. L'originalité de Lanson est aussi d'assigner à sa discipline l'analyse bien plus large de la vie littéraire, “l'histoire de la culture et de l'activité de la foule obscure qui lisait”, et donc de définir la fonction du public ( ce qui anticipe sur l'esthétique de la réception). Dans le même temps, l'histoire littéraire accorde une place centrale au texte : dans l'enseignement, où l'explication française devient l'exercice clé fondé sur la lecture, alors que la rhétorique avait privilégié les exercices d'écriture; dans le travail universitaire, où l'établissement philologique du texte et le développement des éditions critiques doivent permettre de parfaitement dégager à la fois le sens littéral et le sens littéraire des œuvres. Si Lanson ne voulut pas, en principe, ignorer la subjectivité du lecteur, ni le plaisir qu'il peut prendre à goûter à la littérature, l'une des limites de sa doctrine fut cependant de considérer que “les textes ont un sens en eux-mêmes, indépendamment de nos esprits et de nos sensibilités” : ce sera l'un des points contre lesquels réagir à la nouvelle critique, en redonnant sous prestige à la création personnelle du lecteur. (1)
Horizon d'attente : Situation anticipée par le lecteur de l'œuvre, défini comme l'ensemble des critères (littéraires, politiques éthique…) à partir desquels un groupe donné de lecteurs comprend et juge une œuvre. Cet horizon d'attente est en perpétuel évolution.
Humanisme (L’) : En littérature, un mouvement intellectuel et culturel qui émerge en Europe à la Renaissance, principalement au XVe et XVIe siècles. Inspiré par la redécouverte des textes antiques grecs et romains, l'humanisme prône une vision du monde centrée sur l'homme, ses capacités, et sa dignité. Les humanistes valorisent l'étude des langues classiques (latin, grec), la philosophie, la rhétorique, et la morale, dans le but de développer l'esprit critique et la sagesse.
En littérature, l'humanisme se traduit par une écriture qui met en avant la quête de connaissance, l'exploration des sentiments humains, et l'affirmation de la liberté individuelle. Des auteurs comme Érasme, Michel de Montaigne, et Thomas More incarnent cet idéal, avec des œuvres qui interrogent la condition humaine, l'éthique, et les valeurs de la société. L'humanisme a profondément influencé le développement de la pensée moderne et continue de marquer la littérature et la philosophie.
Hypertextualité : Relation entre deux textes dont l'un est une réécriture de l'autre, que ce soit au titre du pastiche, de la parodie, de la transposition, de l'imitation. Dans la terminologie de Gérard Genette, le texte source est nommé hypotexte, le texte issu de la transposition est nommé hypertexte. (1)
Idéologie : Ensemble des idées, croyances, et valeurs qui sous-tendent une société ou une œuvre littéraire. L'analyse idéologique en critique littéraire cherche à révéler les représentations de la réalité sociale, les relations de pouvoir, et les systèmes de pensée présents dans les textes.
Ironie dramatique : Situation dans laquelle le lecteur ou le spectateur en sait plus sur la situation des personnages que ces derniers eux-mêmes, ce qui crée un décalage entre la perception des personnages et celle du public.
Intertextualité : Concept qui désigne l'ensemble des relations qu'un texte entretient avec d'autres textes. Ces relations peuvent être explicites (citations, allusions) ou implicites, et elles enrichissent la compréhension du texte en faisant appel à des références culturelles et littéraires variées.
La Pléiade : Groupe de poètes français de la Renaissance, formé autour de Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay au milieu du XVIe siècle. Inspirés par la littérature antique et humaniste, les membres de la Pléiade cherchaient à enrichir la langue française et à élever la poésie française au rang des grandes littératures classiques. Leur œuvre collective, marquée par une grande diversité formelle et thématique, a joué un rôle crucial dans le développement de la poésie française moderne.
Les Lumières : Le mouvement des Lumières en littérature se développe au XVIIIe siècle en Europe, est marqué par une volonté de promouvoir la raison, le progrès, et l'émancipation de l'esprit humain. Les écrivains des Lumières cherchent à combattre l'obscurantisme, les superstitions, et les injustices sociales, en diffusant des idées fondées sur la science, la philosophie, et la réflexion critique. Les œuvres littéraires des Lumières sont souvent engagées, visant à éclairer le public et à provoquer des réformes politiques et sociales. Les genres privilégiés incluent l'essai, le conte philosophique, le roman, et la satire, qui permettent d'explorer et de critiquer les institutions de l'époque, telles que la monarchie absolue et l'Église. Parmi les auteurs phares de ce mouvement, on trouve Voltaire, Rousseau, Montesquieu, et Diderot, dont les écrits ont largement contribué à préparer le terrain pour les révolutions politiques et sociales qui suivront, notamment la Révolution française. Les Lumières ont laissé un héritage intellectuel et littéraire qui continue d'influencer la pensée moderne.
Littéralité : Caractère littéraire d’un texte placé sous la condition de la correspondance avec des critères esthétiques définis.
Métatextualité : Relation d'un texte avec lui-même ou avec le discours critique qui l'accompagne. Un texte métatextuel réfléchit sur sa propre structure, ses procédés narratifs ou son propre statut en tant qu'œuvre littéraire.
Mimésis aristotélicienne : Concept central chez Aristote, selon lequel l'art (et en particulier la littérature) est une imitation de la réalité. La mimésis se distingue de la simple reproduction par la manière dont elle sélectionne, organise et interprète le réel.
Mythocritique : Analyse d'une œuvre littéraire en mettant en lumière les mythes, les archétypes et les structures symboliques qu'elle mobilise ou réinvente. La mythocritique examine comment les textes modernes réactualisent ou subvertissent les mythes anciens.
Narrataire : Destinataire fictif du récit, c'est-à-dire la personne à qui s'adresse implicitement le narrateur à l'intérieur du texte. Le narrataire peut être distinct du lecteur réel et joue un rôle dans la construction du sens de l'œuvre. On doit envisager la relation narrateur-lecteur sur le modèle de la relation narrateur-auteur. (1)
Narrateur : Tout locuteur d'un récit. Le narrateur peut apparaître explicitement dans le je qui prend en charge certains récits. Le personnage d'un récit peut aussi se retrouver en position de narrateur, le temps d’un récit enchâssé.
Narratologie : Discipline qui étudie les structures narratives des textes littéraires, en se concentrant sur les éléments tels que le narrateur, le point de vue, la temporalité, et les modes de narration.
Naturalisme : Doctrine dont le principal porte-parole a été Zola, caractérisée par la volonté de peindre la réalité sociale dans tous ses aspects (notamment les milieux prolétaires), le recours aux méthodes de la science, le rejet du style, de l'intrigue, des personnages. Mouvement littéraire qui se développe en France à la fin du XIXe siècle, en prolongement du réalisme, il se distingue par une approche encore plus scientifique et déterministe de la représentation de la réalité. Inspirés par les théories de l'hérédité, de l'environnement, et du milieu social, les auteurs naturalistes cherchent à montrer comment ces forces influencent et déterminent le comportement des individus. Les écrivains naturalistes appliquent une méthode quasi-expérimentale à leur écriture, observant leurs personnages comme des sujets d'étude. Ils insistent sur l'objectivité, la rigueur documentaire, et la description précise des aspects souvent sombres ou sordides de la vie humaine, tels que la pauvreté, l'alcoolisme, la déchéance morale, et les maladies mentales. Émile Zola est le chef de file du naturalisme, avec des œuvres comme Germinal, L'Assommoir, et Thérèse Raquin, où il explore les effets du déterminisme social et biologique sur ses personnages. Le naturalisme s'efforce de montrer la réalité sans fard, en rejetant tout idéalisme, pour mieux révéler les mécanismes qui régissent la société et les individus. (1)
Nouveau Roman : Mouvement littéraire français des années 1950-1960, qui rejette les conventions traditionnelles du roman, notamment en ce qui concerne la narration, les personnages, et la structure de l'intrigue. Les auteurs du Nouveau Roman cherchent à renouveler le genre romanesque en explorant de nouvelles formes d'expression et en mettant en question les notions classiques de réalisme et de continuité narrative. Plutôt que de se concentrer sur des intrigues linéaires ou des personnages bien définis, les écrivains du Nouveau Roman s'intéressent à la perception, aux objets, aux espaces, et aux détails insignifiants du quotidien. Ils expérimentent avec des récits fragmentés, des points de vue multiples, et une narration souvent dépouillée d'émotions. Le récit devient ainsi plus une exploration des possibilités du langage et de la structure qu'une histoire avec un début, un milieu et une fin traditionnels. Les figures clés du Nouveau Roman incluent Alain Robbe-Grillet (Les Gommes), Nathalie Sarraute (Tropismes), Marguerite Duras (L'Amant), et Michel Butor (La Modification). Ce mouvement a marqué une rupture importante dans la littérature du XXe siècle, en mettant l'accent sur l'innovation formelle et en défiant les attentes des lecteurs concernant ce qu'un roman "devrait" être.
Nouvelle critique : Dans les années 1950-1970 en France, on a regroupé sous cette étiquette toutes les tentatives de renouvellement des pratiques critiques en opposition avec les approches essentiellement philologique, biographie et historique ( critique des sources, histoire des éditions…) qui jouissaient encore d'un très grand prestige, notamment dans les universités. La Nouvelle critique, nourrie de l'ensemble des sciences humaines (linguistique, anthropologie, sociologie, phénoménologie…), se présente comme un regroupement hétérogène de méthodes d'analyse et de commentaire : narratologie structurale, critique psychanalytique, critique thématique, sociocritique, etc. (1)
Oulipo (OUvroir de LIttérature POtentielle) : Groupe littéraire fondé en 1960 par l'écrivain Raymond Queneau et le mathématicien François Le Lionnais. Ce mouvement explore la création littéraire sous contraintes formelles et mathématiques. Les membres de l'Oulipo inventent et utilisent des règles spécifiques pour générer de nouvelles formes d'écriture, cherchant à repousser les limites de l'imagination et du langage. Les contraintes oulipiennes peuvent être très variées, allant des jeux de mots aux structures mathématiques complexes. Par exemple, Georges Perec a écrit son roman La Disparition sans jamais utiliser la lettre "e" (une contrainte appelée lipogramme). D'autres contraintes célèbres incluent les palindromes, les anagrammes, ou encore la construction de récits en suivant des règles de permutation ou de répétition. L'Oulipo se caractérise par un esprit ludique et expérimental, où les règles ne sont pas perçues comme des limitations, mais comme des catalyseurs de créativité. Le mouvement a eu une influence significative sur la littérature contemporaine, en proposant une nouvelle manière de concevoir l'acte d'écrire, et en ouvrant des perspectives inédites sur les relations entre le langage et les mathématiques. Parmi les membres notables de l'Oulipo, on trouve Italo Calvino, Georges Perec, et Jacques Roubaud. (1)
Pacte autobiographique : Accord implicite entre l'auteur et le lecteur, où l'auteur s'engage à raconter sa propre vie de manière sincère et authentique. Il suppose que le narrateur, l'auteur et le personnage principal sont une seule et même personne, créant ainsi une attente de vérité autobiographique.
Palimpseste : Manuscrit ancien qui a été gratté pour être réécrit, mais dont les traces de l'écriture antérieure restent visibles. Par extension, en critique littéraire, un palimpseste désigne un texte où l’on peut déceler la superposition de différentes strates d'écritures ou de références textuelles.
Paratexte : Ensemble des éléments entourant le texte principal d'une œuvre (titre, préface, notes de bas de page, etc.) qui influencent la lecture et l'interprétation du texte.
Le Parnasse : mouvement littéraire français apparu au milieu du XIXe siècle, en réaction contre le romantisme. Les parnassiens rejettent l'expression excessive des émotions et le lyrisme personnel, privilégiant au contraire l'art pour l'art, c'est-à-dire une poésie qui met en avant la beauté formelle, l'objectivité, et la perfection technique. Les poètes parnassiens aspirent à une poésie impersonnelle, dépourvue de toute implication subjective ou morale, où la forme prime sur le fond. Ils s'inspirent souvent de thèmes historiques, mythologiques, et exotiques, en cherchant à créer des œuvres intemporelles, fondées sur la recherche du beau et du vrai. La rigueur et la précision dans le choix des mots, des images, et des rythmes sont des caractéristiques essentielles de leur style. Le recueil collectif Le Parnasse contemporain" (1866-1876), qui réunit les œuvres de nombreux poètes du mouvement, est emblématique de cette esthétique. Parmi les figures majeures du Parnasse, on trouve Charles Leconte de Lisle, Catulle Mendès, Théophile Gautier, et José-Maria de Heredia. Bien que de courte durée, le mouvement parnassien a exercé une influence notable sur la poésie française, notamment en préparant le terrain pour le symbolisme.
Pastiche : Imitation d'un style, d'une manière d'écrire ou d'un auteur, souvent pour rendre hommage ou pour critiquer par la parodie. Le pastiche peut être un exercice de style ou une forme d'intertextualité consciente.
Phénoménologie : Méthode qui propose un retour aux choses mêmes, à leur signification, en s'en tenant non aux mots, mais aux actes où se dévoile leur présence. Méthode philosophique qui vise à étudier et décrire les structures de la conscience et les phénomènes tels qu'ils se présentent à nous, sans présupposés ni constructions théoriques préalables. Husserl propose de "mettre entre parenthèses" (épochè) les jugements sur l'existence objective des objets pour se concentrer sur la manière dont ces objets apparaissent à la conscience. Cette approche cherche à accéder à l'essence des expériences vécues en examinant rigoureusement la manière dont elles se manifestent dans notre perception, pensée et intuition.
Polyphonie : Concept emprunté à la musique et introduit en littérature par Mikhaïl Bakhtine, pour désigner la coexistence de plusieurs voix ou points de vue indépendants et souvent contradictoires au sein d'une œuvre.
Postmodernisme : Courant esthétique et culturel qui remet en question les certitudes du modernisme, en jouant avec l'ironie, le pastiche, la fragmentation et l'intertextualité. En littérature, le postmodernisme se caractérise par une méfiance envers les grands récits et une exploration des limites de la narration.
Préromantisme : Mouvement qui émerge à la fin du XVIIIe siècle, en réaction contre le rationalisme des Lumières et les contraintes du classicisme. Il prépare la transition vers le romantisme en mettant l'accent sur les émotions, la sensibilité, et l'individualisme. Le préromantisme valorise la nature, l'imagination, et l'expression des sentiments intérieurs, souvent dans une tonalité mélancolique ou nostalgique. Les œuvres préromantiques explorent des thèmes tels que la solitude, le mal du siècle, la contemplation de la nature sauvage, et le désir d'évasion. Ce mouvement se manifeste à travers des formes littéraires variées, comme la poésie lyrique, le roman épistolaire, et le récit de voyage. Des auteurs comme Jean-Jacques Rousseau, avec ses Rêveries du promeneur solitaire, et les romans sentimentaux de Goethe, comme Les Souffrances du jeune Werther, sont emblématiques de cette sensibilité nouvelle qui annonce le romantisme du XIXe siècle.
Psychocritique : Méthode critique mise au point par Charles Moreau dans le sillage de la critique psychanalytique. L'objectif est de mettre en évidence le fonctionnement psychique d'un écrivain en observant les récurrences structurelles et thématiques, pour repérer des “réseaux” fantasmatiques qui s'organisent en véritable “mythe personnel”. (1=
Réalisme : Mouvement littéraire du XIXe siècle qui vise à représenter la réalité de manière fidèle et détaillée, sans idéalisation ni embellissement. En critique littéraire, le réalisme est souvent étudié en opposition au romantisme ou au symbolisme. Le réalisme se caractérise par une volonté de représenter la réalité de manière objective et fidèle, sans idéalisation ni embellissement. Les écrivains réalistes s'intéressent particulièrement à la vie quotidienne, aux classes sociales, et aux problèmes sociaux, cherchant à dépeindre les mœurs, les comportements, et les conditions de vie avec une grande précision. Les auteurs réalistes adoptent un style descriptif et une narration souvent détachée, visant à donner une image exacte du monde tel qu'il est. Ils explorent des thèmes tels que la condition humaine, les conflits de classe, l'influence du milieu social, et les déterminismes économiques et psychologiques. En France, des écrivains comme Honoré de Balzac (La Comédie humaine), Gustave Flaubert (Madame Bovary), et Émile Zola (qui, bien que souvent associé au naturalisme, a des racines dans le réalisme) sont parmi les figures centrales du mouvement. Le réalisme a profondément influencé la littérature européenne, en posant les bases d'une approche plus analytique et critique de la société dans les romans.
Récit enchâssé : Histoire insérée à l'intérieur d'une autre histoire principale. Ce récit secondaire, souvent raconté par un personnage du récit principal, est intégré dans la structure du texte et peut éclairer, compléter ou contraster avec l'intrigue principale.
République des Lettres : La République des Lettres est un concept historique qui désigne une communauté intellectuelle transnationale, active principalement en Europe du XVIe au XVIIIe siècle. Elle regroupe des érudits, des écrivains, des philosophes et des scientifiques qui partageaient des idées, des connaissances et des œuvres littéraires à travers des correspondances, des publications, et des discussions académiques. L'expression "République des Lettres" apparaît au XVIe siècle et prend son essor au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. À l'origine, elle reflète l'idéal humaniste de diffusion du savoir et de la culture au-delà des frontières nationales, religieuses ou sociales. Les membres de cette république imaginaire étaient liés par un intérêt commun pour la littérature, la science, la philosophie, et le progrès intellectuel, plutôt que par des appartenances politiques ou géographiques. Le cœur de la République des Lettres résidait dans la correspondance régulière entre ses membres, souvent en latin, langue commune des érudits. Ces échanges épistolaires permettaient de contourner la censure locale, de discuter librement des idées, et de collaborer sur des projets intellectuels. Des figures emblématiques comme Voltaire, Descartes, Leibniz ou Rousseau étaient des membres actifs de cette communauté. Les salons littéraires, les académies et les revues savantes jouaient également un rôle crucial dans la circulation des idées. La République des Lettres a eu une influence majeure sur l'essor des Lumières et la diffusion des idées progressistes à travers l'Europe. Elle a contribué à la formation d'une conscience européenne partagée, basée sur la raison, la critique et le dialogue intellectuel. Bien que le terme ait perdu de sa prégnance après le XVIIIe siècle, l'idée d'une communauté intellectuelle globale, interconnectée et dévouée au savoir, demeure un héritage important de la République des Lettres. En somme, la République des Lettres représente un modèle précoce de réseau intellectuel international, fondé sur le partage du savoir et la coopération entre esprits éclairés, transcendant les divisions culturelles et politiques.
Romantisme : En littérature, mouvement culturel et artistique qui s'épanouit principalement au début du XIXe siècle en Europe, en réaction contre les principes de rationalité, de rigidité et d'ordre du classicisme et des Lumières. Le romantisme valorise l'expression des émotions individuelles, la subjectivité, et l'imagination. Il privilégie les thèmes de la nature, de l'amour passionné, de la liberté, et de la révolte contre les conventions sociales. Les écrivains romantiques cherchent à explorer les aspects profonds de l'âme humaine, souvent en mettant en scène des héros tourmentés, en quête d'absolu ou en lutte contre une destinée tragique. La nature, perçue comme le reflet des états d'âme du poète ou du héros, joue un rôle central, tout comme le passé, le rêve, et l'exotisme. En France, des auteurs tels que Victor Hugo (Les Misérables), Alfred de Musset (Lorenzaccio), Alphonse de Lamartine (Méditations poétiques), et Gérard de Nerval (Aurélia) incarnent ce mouvement, chacun apportant une contribution unique à l'expression du mal du siècle, cette mélancolie existentielle qui caractérise le romantisme. Le romantisme a marqué un tournant dans la littérature, en ouvrant la voie à une plus grande liberté formelle et à une exploration plus intense des sentiments humains.
Sémantique : Étude d'une langue ou des langues considérées du point de vue de la signification; théorie tentant de rendre compte des structures et des phénomènes de la signification dans une langue ou dans le langage.
Sociocritique : On tend à regrouper sous ce terme deux interrogations critiques relativement différentes : la première est celle de la sociologie de la littérature, qui s'intéresse au fonctionnement social de la création littéraire ( statut des institutions littéraires, conditions de production des textes, relation avec le public…); la seconde et la sociologie des textes, qui cherche à trouver dans l'oeuvre elle-même à la fois la représentation d'un univers social et de ses préoccupations, et les traces de l'imaginaire collectif, selon une sorte de parallèle entre structure de l'oeuvre et structure sociale. cette sociologie des textes s'inspire surtout des catégories marxistes (Georg Lukàcs, Lucien Goldmann).
Sociolecte : Tout ensemble de spécificités langagières propres à un groupe d'individus, tout registre de langue spécialisée, jargon technique, ensemble de termes propres à une catégorie sociale ou professionnelle donnée. On appelle aussi sociolecte à terme ou une tournure propre à un groupe social identifiable.
Structuralisme : Courant de pensée qui considère les textes littéraires comme des systèmes de signes organisés selon des structures sous-jacentes. Le structuralisme analyse ces structures pour en dégager les significations, en mettant de côté l'intention de l'auteur ou le contexte historique.
Surréalisme : Mouvement littéraire et artistique du début du XXe siècle, fondé par André Breton en 1924 avec la publication du Manifeste du surréalisme. Ce mouvement se caractérise par la volonté de libérer l'esprit des contraintes de la raison, de la logique et des normes sociales, pour explorer les dimensions cachées de la réalité, notamment à travers l'inconscient, le rêve, et l'imaginaire. Les écrivains surréalistes cherchent à créer des œuvres qui transcendent la réalité ordinaire en favorisant l'automatisme, l'écriture spontanée, et l'association libre d'idées. Ils puisent leur inspiration dans les théories psychanalytiques de Sigmund Freud, particulièrement l'exploration des rêves et des désirs refoulés. Le surréalisme vise à abolir les frontières entre le rêve et la réalité, entre le conscient et l'inconscient, pour atteindre une "surréalité" plus authentique. Les thèmes surréalistes incluent l'amour fou, l'érotisme, la révolte contre les conventions, et le mystère du monde intérieur. Les œuvres sont souvent marquées par un mélange d'humour, d'absurde, et de merveilleux, avec une prédilection pour les images oniriques et les paradoxes. Parmi les auteurs emblématiques du surréalisme, on trouve André Breton, Louis Aragon, Paul Éluard, et Robert Desnos. Le surréalisme a profondément influencé la littérature, la peinture et le cinéma, laissant une empreinte durable sur la culture du XXe siècle.
Symbolisme : Mouvement littéraire de la fin du XIXe siècle qui privilégie les suggestions et les images plutôt que la description directe, et où les symboles jouent un rôle central pour exprimer des réalités spirituelles, émotionnelles ou idéales.
Schématisme : Concept kantien désignant l'intermédiaire entre les catégories de l'entendement et les phénomènes sensibles. En critique littéraire, le schématisme peut être utilisé pour analyser la manière dont une œuvre articule des concepts abstraits avec des images concrètes.
Sémiotique : Science des signes et des systèmes de signification. En critique littéraire, la sémiotique étudie les codes, les symboles et les structures signifiantes à l'œuvre dans un texte, pour en dégager le sens.
Symbole : Élément d'une œuvre littéraire qui renvoie à une signification plus large que sa simple apparence. Les symboles sont des outils puissants pour exprimer des idées complexes, des émotions ou des concepts abstraits.
Symbolisme : Mouvement littéraire qui émerge en France à la fin du XIXe siècle, en réaction contre le naturalisme et le réalisme. Les poètes symbolistes cherchent à exprimer les réalités profondes et les mystères de l'existence à travers des symboles, des images suggestives, et un langage poétique riche en connotations. Plutôt que de décrire le monde de manière objective, les symbolistes visent à évoquer des états d'âme, des idées abstraites, et des émotions intérieures. Le symbolisme privilégie l'intuition, l'imagination, et la subjectivité, et il s'intéresse particulièrement aux thèmes de l'inconscient, du rêve, de la spiritualité, et de l'au-delà. Les symboles, qui sont des images ou des mots chargés de significations multiples, sont utilisés pour suggérer des réalités ineffables et pour créer une atmosphère mystérieuse et onirique. Parmi les figures majeures du symbolisme littéraire, on trouve Charles Baudelaire (considéré comme un précurseur avec Les Fleurs du mal), Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, et Arthur Rimbaud. Ce mouvement a eu une influence profonde sur la poésie et la littérature moderne, ouvrant la voie à des formes d'expression plus libres et introspectives.
Uchronie : Récit qui imagine une histoire alternative en modifiant un événement du passé. L'uchronie explore des mondes possibles et interroge les conséquences de choix historiques différents, offrant ainsi une réflexion sur le temps et l'histoire.
Utopie : Représentation d'une société idéale et parfaite, souvent utilisée comme critique des sociétés réelles. Les œuvres utopiques interrogent les possibilités d'amélioration sociale, mais peuvent aussi révéler les limites ou les dangers de telles visions.
Verfremdungseffekt : Effet de distanciation théâtral développé par Bertolt Brecht, visant à empêcher le spectateur de s'identifier trop fortement aux personnages ou à l'action, afin de maintenir une distance critique et de favoriser la réflexion.
(1) : Lexique des termes littéraires sous la direction de Michel Jarrety, Le Livre de Poche, septembre 2016
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